Protection du patrimoine naturel
Les principales atteintes au patrimoine naturel de la réserve sont dues à l’orpaillage clandestin et dans une moindre mesure à l’intrusion de chasseurs, pêcheurs et touristes.
La réserve intervient dans des missions de surveillance héliportées ou fluviales pour essayer d’enrayer ces atteintes.
Chasse, pêche et activité touristique
Selon le décret n°95-1299 du 18 décembre 1995 portant création de la réserve naturelle des Nouragues aucun prélèvement/collecte (plantes, animaux, graines, minerais …) n’est autorisé sur la réserve. La chasse et la pêche y sont bien sûr interdites.
Globalement, toute activité humaine susceptible de nuire à la faune et la flore est interdite (feu, bivouac, chasse, pêche, circulation en bateau, collecte, introduction d’espèces…). Seules certaines zones sont soumises à l’autorisation réglementée de passages en pirogue pour les gestionnaires et les scientifiques.
Toute venue sur site est soumise à réglementation et nécessite une autorisation particulière.
L’orpaillage clandestin un fléau pour la Guyane
Le potentiel aurifère de la Guyane a été découvert vers 1850 et a donné lieu à une ruée vers l’or puis à une activité d’orpaillage plus ou moins intense suivant le cours de l’or et le contexte international. Après un répit d’une cinquantaine d’années, l’exploitation aurifère légale et illégale s’est très fortement intensifiée en Guyane depuis 1990, principalement à cause de la hausse continue du cours de l’or mais aussi de l’arrivée de nouvelles techniques mécanisées, et de la mise à disposition du public en 1996 des données de l’Inventaire Minier réalisé par le BRGM sur des fonds publics.
Aujourd’hui, les sites d’orpaillage clandestins se multiplient en complète anarchie sur l’ensemble des Guyanes et bouleversent profondément les écosystèmes, mais aussi la société guyanaise.
Principalement alluvionnaire, ce type d’orpaillage engendre de nombreux impacts. Il provoque la destruction du linéaire des cours d’eau et des forêts qui les bordent, l’érosion et le lessivage des sols dus aux défrichements, la pollution des eaux en aval qui deviennent trop turbides et pauvres en oxygènes pour la faune et la flore aquatiques.
Le mercure, utilisé pour agglomérer l’or, malgré son interdiction depuis 2006, pollue quant à lui, air et eau et intoxique les populations locales.
A ces problèmes environnementaux, s’ajoutent le pillage d’une ressource non renouvelable, une insécurité croissante et la misère sociale des chercheurs d’or (maladies, prostitution, drogues et meurtres sont souvent le quotidien des garimpeiros, brésiliens impliqués dans l’orpaillage).
L’orpaillage illégal est un fléau qui touche toute la Guyane et n’épargne pas les espaces protégés comme le cœur du Parc National Amazonien ou encore les Réserves Naturelles Nationales des Nouragues ou de la Trinité. Des kilomètres de rivières ont été et sont encore ravagés, à quoi s’ajoutent les dégâts collatéraux comme la déforestation, la fragmentation des habitats, une pression de chasse intense et la multiplication de pistes. Selon le bilan patrimonial 2010 de l’ONF, l’orpaillage a détruit, cumulé depuis 1990, un linéaire de cours d’eau de 2500 kms, dont un tiers en espaces protégés.
« Les forêts tropicales humides sont considérées comme les écosystèmes terrestres les plus riches en espèces et les plus complexes. Ne recouvrant que 7% des terres émergées, ces forêts contiennent plus de la moitié des espèces présentes sur terre et beaucoup reste à encore découvrir. La forêt Guyanaise est l’un des derniers blocs forestiers intacts de la région amazonienne. Au terme d’un rapport publié par le World Ressources Institute sur l’état des forêts primaires dans le monde, la Guyane française apparaît en tête des sept pays (Surinam, Guyana, Canada, Colombie, Russie et Brésil) dont la forêt primaire est à la fois abondante et relativement préservée. Dans ce contexte alarmant, la Guyane, membre de l’Union Européenne, apparaît ainsi comme la meilleure garante d’un patrimoine inestimable que nous ne pouvons hypothéquer au profit de quelques-uns. La protection des forêts guyanaises n’est donc pas un simple enjeu de la société guyanaise, mais une question qui dépasse largement nos frontières et qui mérite une réflexion nationale, européenne et internationale.» Extrait du livre 30 ans RNF
La Réserve des Nouragues n’est donc pas épargnée par ce fléau. De nombreux chantiers d’orpaillage clandestin sont à déplorer au Nord Est de la Réserve.
Hommage à Capi et Domingo, deux agents de la RNN des Nouragues, assassinés en mai 2006
En mai 2006, deux agents de la réserve naturelle des Nouragues, Domingo Ribamar da Silva et Andoe Saaki (dit « Capi ») ont tragiquement trouvé la mort, sur le camp Arataï. Tués par balle par des garimperos, ils ont été victimes du fléau de l’orpaillage clandestin.
Domingo et Capi, au service de la réserve naturelle des Nouragues depuis 3 et 10 ans, étaient les gardes-piroguiers de la station écotouristique de la réserve, qui accueillait régulièrement des groupes scolaires et des touristes désireux de découvrir la forêt primaire de Guyane et sa biodiversité.
Le camp Arataï, dédié à l’éducation à l’environnement est situé à l’entrée de la réserve. Depuis cet évènement, il n’a toujours pas été réouvert. Aujourd’hui, les données récoltées lors de missions de surveillance sur la réserve montrent une baisse importante de l’orpaillage illégal. Il est désormais possible de séjourner en sécurité sur la réserve. C’est pourquoi, l’équipe met aujourd’hui tout en oeuvre pour réouvrir le camp Arataï au public.
Nos pensées vont vers Capi et Domingo, pour que leur mémoire ne soit pas oubliée.