La conservation de la biodiversité doit prendre en compte les interactions non-trophiques (=hors chaine alimentaire) des organismes. En effet, l’altération du milieu (habitat) par un organisme peut affecter un autre organisme. Pour les amphibiens, « l’ingénierie écosystémique » pourrait alors jouer un rôle majeur dans la lutte contre leur déclin mondial.
C’est ce qu’une équipe de l’Université de Vienne a publié à travers des résultats étonnants ! Ils ont mené leur étude en Guyane française, au cœur de la réserve naturelle des Nouragues, sur la station scientifique du CNRS. Et ils ont démontré que les pécaris (porcs sauvages et forestiers) influenceraient les populations de l’espèce Allobates femoralis (amphibiens de la famille des Dendrobatidae).
En effet, les pécaris cherchent leur nourriture en fouillant dans le sol, ce qui a pour conséquence de laisser des dépressions, qui seront ensuite remplies d’eau par la pluie. Les grenouilles utiliseraient ensuite ces points d’eau pour leur reproduction. Plus les pécaris seraient présents sur la zone et auraient donc un impact important sur le milieu, plus cela bénéficieraient aux grenouilles qui jouiraient de plus de points d’eau pour leur progéniture !
Aux Nouragues, les chercheurs ont simulé l’impact des pécaris en disposant des bassines d’eau réparties sur une zone de plusieurs hectares. Les données ont ensuite été analysées par modélisation (gradient avant-après contrôle-impact, gBACI). Et en 4 ans, ils ont ainsi vu la population d’A. femoralis doubler quasiment son effectif.
Pour en savoir plus, téléchargez leur publication (en anglais) : Populations, pools, and peccaries: « Simulating the impact of ecosystem engineers on rainforest frogs », Max Ringler, Walter Hödl, and Eva Ringler, Behavioral Ecology, 2015.